A Letter Written on Nov 4, 1955

[The envelope is postmarked Nov 3, but the letter is dated Nov 4.]

Friday 4th.

Ma chère Pat.

Je veux m'excuser tout de suite d'avoir attendu si longtemps à répondre à votre aimable lettre. Merci du souhait d'anniversaire que vous avez formulé. Merci aussi du joli fanion.

Il est vrai Pat, que nos échanges de correspondance ce sont bornés à des banalités. Mes pensées personnelles ne vous ont donc pas atteintes et puisque c'est votre désir je vous parlerai de ce que vous voulez savoir.

Tout d'abord vous me demandez ce que je pense du monde; c'est un sujet sur lequel il faudrait écrire un livre, mais ne m'ensentant pas le courage, je me bornerai à quelques impressions succintes. Je ne pense pas grand chose du monde, mais davantage de ceux qui le peuplent et en particulier les êtres de notre conception, les hommes en un mot. Souvent je me suis penché sur l'avenir des populations et j'ai la à ce sujet quelques livres interessants[.] Je loue le progrès qui accompagne la marche du temps mais j'aimerais le voir employé à d'autres fins plutôt qu'aux expérimentations de destruction comme il a été fait souvent jus qu'alors. Heureusement d'autres oeuvres plus pacifiques l'ont employé. La mèdecine l'a employé à son maximum pour le soulagement de l'humanité souffrante. Les peuples des pays de haute civilisation voient leur dren-être s'améliorer de jour en jour, car je ne parle pas des pays sous-développés comme l'Inde par exemple et sur les quels, à mon avis, on ne se penche pas suffisamment. Mais en mème temps que le progrès croit, un grave défaut se fait jour chez l'homme et qui le rendra malheureux s'il ne s'améliore pas: l'égoïsme.

J'ai remarqué souvent que les gens deviennent indifférents à ce qui touche le malheur de leurs semblables, la fraternité a perdu beaucoup de son importance et elle ne semble exister que pour faire le mal à part de rares cas ou le malheur est trop généralisé et où une grande propagande ne peut les laisser indifférents. Les êtres humains se perdront par eax-même s'ils ne sáméliorent pas. Je vous ai donné mon jugement, peut-être a-t-il des défauts, mais je l'ai donné d'après ce que j'ai vu ou entendu.

Pour en revenir à moi-même que parait-il vous connaissez si peu, je ne suis pas comme vous attaché à un art propre, mais je m'intéresse à de nombre l'entre eux, le théatre, la musique, la peinture. Le théàtre est un art que me plait beaucoup, que j'apprécie à sa juste valeur et dont je suis un fervent admirateur. Quand mes loisirs me le permettent, je vais à la comédie francaise, où sont présentées des pièces de nos auteurs; bientôt va s'ouvrir la saison du TNP (Théatre National Populaire) sous la direction de Jean Villar; j'espère y aller quelquefois.

La musique me plait beaucoup également, mais je ne suis pas un admirateur du jazz. J'apprécie davantage la musique de Beethoven, Ravel. Quant aux chansons populaires actuelles, certains me plaisent, d'autres me déplaisent telles les chansons de Gilbert Bécaud par exemple[.]

En peinture je suis un admirateur de Renoir dont les sentiments me semblent très expressifs. Quand aux peintures de Picasso, je ne les admire pas.

Je suis toujours au collège technique et j'ai encore trois années d'étude qui me semblent bien longues. Mais je pense à leur terme pouvoir réaliser une vie que je me représente souvent [.] J'ai reçu votre lettre avec beaucoup de joie et c'est à chaque fois un large sourire à la vue de l'enveloppe tant attendue. Ma seule déception est de ne pouvoir vous connaitre plus réellement. Mais je suis sur que, grâçe au progrés, nous pourrons, dans un temps que je soubuite le plus court possible, nous rencontrer.

En attendant ce moment, je lis toujours vos lettres avec un immense plaisir et c'est avec l'espair de vous lire bientôt que je vous dis

au revoir
Dan

[Translation:]

My dear Pat,

I want to apologize at once for having waited so long to answer your kind letter. Thank you for your birthday wish. Thanks also for the nice pennant.

It is true Pat, that our exchanges of correspondence are limited to banalities. My personal thoughts have not reached you and since it is your desire I will tell you what you want to know.

First of all you ask me what I think of the world; it is a subject on which a book should be written, but not understanding my courage, I shall confine myself to some succinct impressions. I do not think much of the world, but more of those who populate it and in particular the beings of our conception, men in a word. Often I looked at the future of the people and I have some interesting books on this subject[.] I praise the progress that accompanies the march of time, but I would like to see it used for other purposes rather than experimenting with destruction as it has often been done until then. Fortunately other more peaceful works used it. The medical community has used it to its utmost for the relief of suffering humanity. The peoples of the countries of high civilization are seeing their day-to-day improvement improve, for I am not speaking of underdeveloped countries like India, for example, and on which, in my opinion, enough. But at the same time that progress grows, a serious defect is emerging in man and will make him unhappy if he does not improve: egoism.

I have often remarked that people become indifferent to what affects the misfortune of their fellow-men, brotherhood has lost much of its importance, and it seems to exist only to do evil except in rare cases where misfortune is too generalized and where great propaganda can not leave them indifferent. Human beings will lose by it, even if they do not improve. I have given you my judgment, perhaps it has defects, but I have given it according to what I have seen or heard.

To come back to myself that seems to him you know so little, I am not like you attached to a proper art, but I am interested in many of them, theater, music, painting. The theater is an art I like a lot, which I appreciate at its true value and of which I am a fervent admirer. When my leisure allows me, I go to the French comedy, where are plays of our authors; soon will open the NPT (National Popular Theater) season under the direction of Jean Villar; I hope to go there sometimes.

I like music too much, but I'm not an admirer of jazz. I really appreciate Beethoven's music, Ravel. As for the current popular songs, some of them please me, others displease me such as the songs of Gilbert Bécaud for example.

In painting I am an admirer of Renoir whose feelings seem very expressive. As for Picasso's paintings, I do not admire them.

I am still at the technical college and I still have three years of study that seem to me to be very long. But I think their term can realize a life that I often see myself. I received your letter with great joy and it is each time I have a broad smile at the sight of the envelope so long awaited. My only disappointment is that I can not really know you. But I am sure that, thanks to the progress, we shall be able, in a time which I shall as shortly as possible, meet with us.

While waiting for this moment, I always read your letters with immense pleasure and it is with the hope of hearing from you soon that I tell you

au revoir
Dan